« Les âmes des morts restent là où ils ont vécu. Lorsqu'il n'y a pas de bruit, pas de vent, on entend les esprits. »

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Entre les forêts de pins, les montagnes et les cascades, là où la nature peut encore vivre en paix, se trouve la petite ville de Blackfeet dans le Montana. Tenant son nom de la langue Cheyenne, c’est ici que se mêlent tous les jours vie moderne et traditions du peuple amérindien. Jusqu'ici, rien ne semblait mettre à mal le fragile équilibre ainsi établi, et tout le monde pouvait savourer en paix les paysages époustouflants qu'offre cette terre de légende. Cependant, la tranquillité de la ville se retrouve aujourd'hui de plus en plus perturbée. Depuis que des travaux ont commencé sur un lieu considéré sacré par la communauté Cheyenne, des événements plus étranges les uns que les autres se sont manifestés. Et même si peu de gens veulent y croire, les plus superstitieux des Cheyennes sont formels, cela n’est pas dû au hasard. Les esprits des ancêtres ont été bafoués dans leur sommeil et aujourd’hui ils ne réclament qu’une chose : la vengeance.

« En vertu de ce traité, la communauté Cheyenne accepte de déplacer le Totem située au milieu de la ville de Blackfeet, sur une nouvelle Totem Place où chaque rite Cheyenne pourra avoir lieu librement. En contrepartie, la municipalité s’engage à garder le lieu vierge de toute construction. » Blackfeet, 1976

Le temps passe et les promesses s’effacent. Aujourd’hui, la population Cheyenne pleure la disparition du dernier descendant des chefs de la tribu, qui s’était battu toute sa vie pour préserver les droits de son peuple. Depuis cette annonce, le maire de la ville lui, a de plus sombres desseins. « Ce sera quelque chose d’énorme, de grandiose ! » Étalant sur une table un plan, il montrait à l’ensemble du Conseil municipal les fondations d’un futur centre commercial. Tout le monde s’extasiait, applaudissait, quand un homme plus reculé prit la parole. « Monsieur, le traité passé avec les Cheyennes nous interdit d’engager des constructions à cet endroit. » Un froid parcourut l'assemblée. Plusieurs secondes de silence s’installèrent, quand tout à coup, le rire du maire résonna dans toute la pièce. « Ce vieux papier ? Il est temps qu’ils apprennent à vivre avec leur temps ! » Tonnerre d’applaudissements, félicitations en tous genres. Deux semaines plus tard, les premiers investisseurs du projet signèrent un chèque au Conseil. L’accueil de la nouvelle ne fut pas aussi enthousiaste de la part de la population, surtout du côté des Cheyennes, qui hurlèrent au scandale. Pour eux, la terre de leur ancienne Totem Place demeurait sacrée, et y construire un centre commercial violerait la tranquillité des esprits. Après plusieurs manifestations, restées vaines, les travaux commencèrent. Blackfeet, jusque-là si paisible et harmonieuse, devint le siège d'une profonde hostilité entre partisans du chantier et réfractaires. Cependant, depuis le commencement des travaux, des faits plus étranges les uns que les autres semblent retarder la construction du projet. Les Cheyennes les plus croyants sont formels. « Nous vous avions prévenus, vous avez déchaîné la colère des esprits, et maintenant ils viennent se venger ! »