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 If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah

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Skah E. Livingstone
Skah E. Livingstone
Chants : 489 Arrivé(e) le : 21/07/2014
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MessageSujet: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 13:06

Huyana Autumn & Skah Eliott Livingstone


If I had a heart I could love you

Je sais pas quoi faire, je sais pas quoi dire, je suis tout détraqué, tout bousillé, tout dépareillé. Je sais pas, je sais pas, je sais pas. Qu’est-ce que je fais ? Là, devant la porte, là, devant sa porte, à Huyana, ma Huyana. Au dix-huit Oak Street, Blackfeet. Chez ses parents, dans la maison avec la planche qui grince ; je me rappelle qu’elle me parlait toujours de la seule planche qui grinçait. Je n’ose pas toquer, mais je vois de la lumière à l’intérieur. Le soleil se couche, il va bientôt faire nuit, et sans lumière, l’intérieur est noir. Ses parents ne vivent plus là – ses parents ne vivent plus tout court. C’est sa maison ici. C’est elle dans cette maison. C’est Huyana, ma Huyana, ma pluie qui tombe à moi. Je me gratte la tête, me frotte le visage, ferme les yeux, rouvre les yeux, ferme les yeux, soupire. J’sais pas ce que je vais pouvoir dire. Dix mois à la chercher, et elle était sous mon nez pendant si longtemps. Presque un mois m’a dit Nuttah. Un mois qu’elle est là, onze maisons plus loin. Un mois que je me torture tous les soirs, toutes les nuits, que je pleure dans mes draps comme un enfant de cinq ans, et elle est là, bien là, onze maisons plus loin. Je ne sais pas ce que j’ai envie de faire. L’embrasser ; l’étrangler ; l’embrasser ; la tuer. Je veux mourir avant de franchir le pas de cette maison – les morts sont plus courageux. Nuttah dit que les esprits sont débarrassés des peurs de leur vivant. Je voudrais être un esprit. J’attends là comme un imbécile, la chaleur de l’été encore brûlante sur ma nuque, mes cheveux gras de sueur et de poussière. J’ai une allure sans allure, je suis un cheyenne sans monture, un homme mort sur le palier d’une maison hantée. Je sais pas où aller, je sais pas si je peux toquer, et je sens dans mes veines mon sang qui bout, mon sang qui hurle, qui me crie d’aller chercher ici ce qui m’appartient. Je pense comme un goujat – ce qui m’appartient ; Huyana ne m’appartient pas, on sait tous cas. Je suis à elle plus qu’elle n’est à moi, elle le sait aussi, et dans ma tête les mots se bousculent, les maux s’accumulent, je me suis fourré dans le pire des pétrins. J’attends là dans la broussaille, les cheveux en bataille, la chemise sale, et j’ai même de la terre sous les ongles. J’ai passé ma journée dans la réserve, je pouvais pas travailler, je devais rester là, dans la nature, le poids de l’avenir sur mes épaules. Aller la voir ; ne pas y aller ; aller la voir ; la tuer. Je sens mes mains qui se crispent, ma joue qui tique, mes yeux qui brûlent, je ne sais pas si je veux pleurer ou si je veux frapper – peut-être les deux. Je ne ressemble à rien, mais ma femme est dans cette maison, derrière cette porte, celle à qui je donnerais ma vie, celle à qui j’ai donné ma vie, et que je n’ai pas vu depuis quatre ans bientôt. Oui, trois ans de service, tout rond, trois ans en Irak, et dix mois désormais, dix mois à Blackfeet, à l’attendre, à la chercher, à la traquer, et la voilà ici, à Blackfeet, à m’attendre, sans me chercher, chez elle. Au chaud, chez elle. Chez elle. Je suis fou, mon Dieu aidez-moi, je ne sais plus ce que je dis, ce que je pense, ce que je ressens. De l’amour, de la fierté, et mes idées fixes, mes idées qui m’obsèdent. Mes idées qui me pèsent. Sur ma carcasse, le poids d’une vie mal acheminée, de mauvais chemins parcourus, de terribles décisions. Je suis parti. Elle est partie. Je veux la prendre dans mes bras, la serrer contre moi, l’étouffer. L’embrasser. Mes pensées contradictoires se déchaînent, je suis fou, j’aime une femme qui ne m’aime plus, une femme qui est partie. Je suis parti. Je ne sais plus quoi penser – toquer, ne pas toquer, toquer, ne pas toquer. Finalement, après ce qui me semble des heures, le soleil presque couché déjà, je prends mon courage à deux mains et donne deux coups contre le battant de bois brun. Mon cœur et mon corps tremblent à l’unisson.

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Huyana A. Livingstone
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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 13:36


Skah and Huyana :  If I had a heart, I could love you

  J’ai la tête encore embrumée, comme si j’étais le sommet d’une montagne, et qu’un pavillon de nuages m’empêchait de scruter l’horizon, à la recherche de points de repères. Je me suis habituée pourtant, à avoir de longues journées éreintantes, et à ne pas dormir la nuit. C’est comme ça. Et ça me plait, « bizarrement », diraient certains. Au moins, je ne perds pas mes heures. Plus autant que j’ai pu faire par le passé du moins. Mais c’est déjà ça. Bref, depuis mon retour à Blackfeet, la présence absente de Skah se fait ressentir en moi. Je frissonne à chaque rencontre avec un homme qui ne porte rien qu’une once de son parfum, ou une personne susceptible de parler de lui. Ou de me parler, de me demander des comptes. Mes pensées sont tournées vers l’ultime face à face, qui, je le sais, devra bien se produire un jour. Mes dessins, de plus en plus noirs, ne me plaisent plus, alors je les « archive », ce qui, dans mon jargon, signifie que je les tamponne d’un sopalin imprégné de café, afin de n’avoir plus qu’un tien-and-dye de couleurs –ou d’absence de couleurs. J’étais en train parcourir du regard la bordure de ma baie vitrée. J’admire tant le paysage qu’elle m’offre, cette vue sur le sous-bois proche, et les créatures qui parfois s’y cachent. Oui, j’étais là, allongée sur le ventre de mon sofa, une main caressant le tapis de sol du salon, l’autre soutenant ma tête regardant au-dehors. Et puis, je l’ai senti, derrière la porte. Sa présence, à lui, l’Indésirable, celui à qui je me suis promise de ne plus jamais ouvrir les entrailles de mon coeur déjà inscrit au palmarès des organes les plus soumis aux déchirures et désolations les plus fades et amères. Il doit savoir que je suis là –mes pas dans l’herbe fraiche menant au pas de porte, datant de mon excursion au lac le plus proche, m’auront trahie. La sérénité que je pouvais laisser paraître à qui eut vu cette scène (les esprits, bien sûr, en auraient été les premiers témoins, s’ils avaient existé) laissa place à une angoisse grandissante. Non, à une seule image qui ne se délogeait plus de mon cerveau : celle de moi-même, essayant de s’enfuir de la menace approchante, mais ne parvenant qu’à imiter des mouvements ralentis, comme si l’air lui-même s’était solidifié pour m’empêcher de m’échapper –une fois encore. Je me dis que j’ai choisi de revenir ici, qu’il va bien falloir que j’assume. J’ai des responsabilités après tout. Et puis, s’il me déteste, tant pis pour lui –ou pour moi. Non, non, je n’ai pas le droit de dire ça. Réfléchissons. Je me relève en m’aidant de mes mains et de mes pieds, je fais un bond pour me tenir sur ces derniers. J’enlève ce ruban idiot qui me serre les cheveux –quelle idée, il va falloir que je vire cette manie de petite fille à la fin- et je m’enroule dans mon chandail irisé aux couleurs claires. Je tourne sur moi-même, je tourne en rond dans la pièce et je tourne en rond dans ma tête. Je sais pas pourquoi, il est peut-être 20h23 ou quelque chose comme ça, mais je me dirige quand même vers la cuisine, et je m’apprête à me préparer un café. Bien fort, cela s’entend. J’entends frapper à la porte. C’est bien lui, je le sens, et j’avais raison de le sentir. Et moi, je marche sur la latte. Je la connais celle-là. C’est forcément mon inconscient qui m’a joué ce mauvais tour. Je me déteste. Je me détestais déjà avant, mais là c’est pire. Et Skah qui va me passer, non un savon de Marseille, mais un savon d’Alep bien agressif, de ceux qui sentent sur ta peau pendant deux jours, de ceux qui te laissent une trace et une sorte de sensation poisseuse de laquelle tu ne peux te débarrasser qu’après t’être lavée les mains 3 / 4 fois mais qui peut durer éternellement si tu l’as utilisé plusieurs fois et que tout ne fonctionne pas forcément comme une montre à l’heure dans ta tête. Les calculs et les jeux enfantins sur « qui est le coupable » ne m’intéressent pas. Je vais pas me défiler. Mais c’est moi qui le tient, là, c’est moi qui est attendue. Je me faufile derrière la porte d’entrée et attends encore. J’attends quelques minutes, un nouveau bruit. Skah me déteste déjà, et moi je l’aime. Mais pourquoi lui ouvrirai-je ? Marié ou pas, les chevaux qui ne rentrent pas au box le soir dorment dehors toute la nuit.


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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 16:48

Huyana Autumn & Skah Eliott Livingstone


If I had a heart I could love you

Elle grince, cette fichue latte, elle grince et je l’entends. Les maisons en bois c’est comme des maisons en papier mâché, on entend tout. Et j’entends la latte qui grince. Huyana est là, bel et bien là. Huyana. Huyana. Huyana, ma Huyana, ma belle Huyana, ma Huyana. Huyana. Huyana. Huyana. Je perds la tête, je perds les pédales, je me perds. Je ne suis que le fantôme de moi-même, présenté devant cette porte après une journée entière à galoper, à me vider la tête, et j’ai la tête vide, ça oui, vide de tout, sauf de ce mot, sauf de ces maux, Huyana, Huyana. Huyana. Elle ne m’ouvre pas et je sens mon cœur et mon sang s’enflammer. J’ai des soucis, « anger issues » comme ils disent, ces psychologues militaires. Je t’en foutrais moi, des psychologues militaires. C’est à cause de cette stupide armée que j’ai perdu Huyana. Ou autre chose. Je ne sais pas. Je ne sais rien. Mais ce que je sais, c’est qu’Huyana est derrière cette porte, je n’entends pas sa respiration mais je la sens dans mes entrailles, ça me bouffe, ça me rend malade, ça me rend fou furieux. Ouvre-moi bon sang, ouvre-moi Huyana ! et quand elle t’aura ouvert, imbécile, tu lui diras quoi ? tu ferais quoi, hein ? Je parle tout seul et me laisse guider pas la voix dans ma tête. Une voix qui m’exacerbe et m’apaise. Hein, qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire quand elle t’aura ouvert ? tu lui sautes au cou, comme les enfants, ou tu l’étrangles d’abord ? tu lui mets une gifler ou tu l’embrasses ? Je n’ai jamais levé la main sur une femme – jamais. Sauf à l’armée, mais c’était de l’entrainement obligatoire, et elles savaient se défendre ces bonnes femmes-là. Je me rappelle Jackie, la jolie blonde, toute frêle quand on la regardait, et qui nous décollait des gauches droites comme si elle avait fait ça toute sa vie – ce qui était le cas. Fille de boxeur qu’elle était. Et elle me regardait dans les yeux, avec un sourire d’ange, et elle me filait un pin, comme si j’avais toujours demandé que ça. Faut pas m’regarder d’travers, qu’elle disait. Si elle savait. J’ai jamais regardé une femme de travers – y’en a qu’une qui occupe mes pensées, qu’une seule, depuis que j’ai quinze ans. Huyana. Huyana. Huyana. Je l’ai jamais regardée de travers, Huyana. Je lui au voué un culte, dans ma tête, dans mon cœur, et sous mes mains. Mais elle est partie. Et maintenant elle est là. Partie ; là. Huyana, Huyana, Huyana, qu’as-tu fait Huyana ? J’attends qu’elle m’ouvre parce que je sais qu’elle est là, derrière cette porte, et je me frotte les yeux de mes deux mains, et je danse d’un pied sur l’autre, je fronce les sourcils, et je ne pense qu’à elle, je ne veux qu’elle, je la hais, et je l’aime. La tuer. L’embrasser. La tuer.

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 18:59


Skah and Huyana :  If I had a heart, I could love you

 Toujours derrière la porte, je l’imagine pester. C’est bien son style, à Skah, de grogner quand ça va pas –c’est d’ailleurs l’un de ses traits de caractère qui m’a fait craquer. Il n’en demeure pas moins qu’il est toujours là, sur mon pas de porte. Il me connaît suffisamment pour savoir qu’il peut attendre, qu’il peut se permettre d’être dans cet état de suspension où le corps ne sait où se mettre, où les mains se cherchent et s’encombrent, et il le peut car il sait que je vais lui ouvrir. Moi aussi, j’en donnerai ma tête à scalper. Un mariage, des enfantillages et des grandes galères, toutes ces fondations de notre relation, elles demeurent. A moi de m’en accommoder ou de les détruire. Les bousiller par un feu de joie ou un écartèlement opéré par quatre orignaux enragés ? Skah est tout pour moi, mais je ne cherche qu’à oublier, je ne veux qu’une chose, qu’il cesse d’avoir en mémoire la courbure de mes cils, la tessiture de ma voix, la texture de ma peau. Car je ne mérite même pas qu’il me regarde. Sait-il au moins ce qui s’est passé, comment ça s’est produit ? Connaît-il l’état de léthargie physique et mentale dans lequel son départ m’a plongé –un plongeon dans les grandes eaux, dans un trou noir, un trou béant, et moi, alourdie et encombrée d’une pompe à oxygène, je m’y suis profondément perdue, le poids de cette pompe pesant sur ma clavicule à me parquer à terre-, et duquel je n’ai pu me sortir qu’à coups de pieds de toutes parts ? Pourquoi es-tu de l’autre côté de cette plaque de bois grossièrement décorée par des sculptures de bois- une porte de moins de deux centimètres qui sépare nos deux corps-, pourquoi te sens-je si proche et si loin à la fois ? Je tâte le cèdre rouge qui est le matériau premier de cette barrière, ce barrage (ou cette protection, que sais-je), qui nous sépare toi et moi. J’imagine que c’est toi, ton visage, le grain de ta peau. Puis, sans plus attendre, je me décide brusquement. Je déverouille le loquet, j’ouvre la porte en trombe, et je me recule de cinq pas. Sans plus un mot, je le regarde. J’attends. Je suis au milieu du salon, enveloppée dans mon chandail. Le salon est inqualifiable, imprésentable –même à la plus familière de mes connaissances- ; des dessins noirs jonchent le sol, certains de mes articles –ou plutôt, des essais ratés et griffurés- portent les traces de mon passage sur eux-mêmes. Ce n’est pas dans mes « habitudes » -quelle horreur- de vivre dans un tel « mess », comme disent les anglais, mais sans Skah, je vous l’ai dit, la balance ne trouve plus son équilibre. Je suis comme un chaton touché par les hommes et rejeté par sa précieuse mère ; je cherche constamment celui qui est nécessaire à ma survie, mais je sais que je ne suis plus l’Huyana désirable d’autrefois. Tout en pensant cela, j’attends toujours, Skah est sur le pas de porte. Je me retiens de l’enlacer, de l’embrasser, de le frapper. Violence. Indicible. Douleur. Amour. Pardon. J’attends sa réaction.
.  

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Skah E. Livingstone
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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 19:44

Huyana Autumn & Skah Eliott Livingstone


If I had a heart I could love you

Cet instant dure une éternité – et elle ouvre enfin. Je me sens mourir sur place. C’est comme si je n’avais jamais vu cette femme, et pourtant en elle rien n’a changé. Elle a des cernes que je ne lui avais jamais vu, du noir au mains, des pieds nus, et cette maison est un foutoir si grand que je ne sais pas quoi dire. Ce qui me laisse sans voix pourtant, ce n’est pas sa maison. C’est elle. Elle se tient là, immobile et tremblante, enrobée dans son poncho comme un bonbon dans son papier, elle ne sourit pas, elle ne pleure pas, elle ne parle pas, et ses yeux noirs ont perdu leurs étoiles. De là où je suis en tous cas, je ne les vois pas. Elle est terriblement belle – si belle, c’est à en crever. J’en crèverais – de la voir là, debout, dans son salon, à me regarder comme un inconnu, à m’ignorer comme un malpropre, à m’ouvrir sans un mot. Un mois. Un mois qu’elle est revenue, et qu’elle sait que je suis là. Un mois qu’elle est là – un mois qu’elle s’en fout. De nous, de tout, de moi. Je veux la prendre dans mes bras et ne plus jamais la laisser s’en aller, mais une part de moi flippe comme je n’ai jamais flippé. Huyana. C’est elle, c’est bien elle, mais dans son regard presque au sol, qui me regarde sans me voir, je cherche la femme que j’aime. Elle est là. Ses cheveux désordonnés en broussailles autour de sa tête, auréole à un démon, et ses ongles sont crasseux. C’est l’encre, et le café, et la craie. Elle a noirci tous ces papiers à dessins sur le sol, elle les a tamponnés de café, elle n’a pas dormi, elle n’a respiré, elle n’a pas parlé. Je la regarde sans bouger, abasourdi par sa présence et son absence, la porte ouverte et le silence qui m’accueille. Huyana. Je voudrais te dire tous les mots du monde – mais aucun ne me vient. Huyana. Je t’aime. Je te hais. Je te veux. Je te quitte. Huyana. Je sens dans son souffle faible une tristesse que je ne lui ai jamais connue. Huyana. Pourquoi ? C’est le seul mot qui est là, dans ma tête, et qui tambourine. Pourquoi es-tu partie ? Nous nous sommes mariés pour nous attendre – nous nous sommes mariés pour ne jamais nous oublier, jamais nous quitter. Et tu n’as pas attendu. Et tu m’as oublié, tu m’as quitté. Les larmes me montent aux yeux – je les refoule en passant une main sur mon visage. Je renifle sans bruit. Je ne sais même pas s’il me reste des larmes pour pleurer. J’ai déjà tout pleuré – quand je suis revenu et que personne ne m’attendait à la maison. Que je cherchais ma femme et qu’elle n’était nulle part. J’ai écumé tout le pays pour elle. J’ai voyagé dans tous les Etats pour la retrouver, et elle n’était nulle part. J’ai même quitté les USA pour le Mexique, et je l’ai cherchée en Alaska. J’ai voyagé partout pour la chercher. Nulle part chez des cousins au Canada. J’ai cherché ses yeux noirs emplis d’étoiles dans tous les Etats d’Amérique, et je ne l’ai pas trouvée. Je ne l’ai pas récupérée. Et un mois. Un mois qu’elle est là – à Blackfeet, notre maison. Chez nous. Un mois. Sans moi – comme si je n’existais pas. Un inconnu ; je me sens comme un inconnu face à la femme que j’aime depuis que j’ai quinze ans. La seule femme que j’ai jamais aimé – est-ce qu’on n’aime qu’une seule fois ? Une vie, c’est si long et si court à la fois, et Huyana, c’est la seule, ma Huyana, je ne pense toujours qu’à elle, ma Huyana. Un maniaque – c’est ce que je suis. Une idée fixe. Huyana est mon idée fixe – je la poursuis et elle me fuit, je la traque et elle s’échappe, mais elle me colle à la peau, elle me colle à l’âme, et elle hante mon esprit jour et nuit. Huyana – the one and only. J’ai les yeux qui piquent, les mains qui tremblent, les pieds qui brûlent. Je ne sais pas ce que je dois faire – ce que je peux faire. C’est ma femme, là, dans ce salon. C’est écrit noir sur blanc, à la mairie, et dans nos cœurs religieux, Dieu m’en est témoin. C’est ma femme. Et pourtant, c’est une inconnue, une étrangère, une sauvageonne, une échappée. Huyana. Pourquoi ? Pourquoi es-tu partie ? La nuit est tombée, sur la plaine et sur mon cœur, et j’entre sans un mot, d’un pas mal assuré. Je referme doucement la porte derrière moi, mais je ne quitte pas Huyana des yeux. Je ne peux pas. Je ne pourrais pas. Jamais la quitter des yeux. C’est Huyana – ma Huyana. Et sans comprendre ce qui me prend, je m’élance vers elle. Je l’embrasse. Ses lèvres ont toujours eu ce goût de miel – sucré et amer en même temps. Envoûtant et écœurant. Je ne sais pas comment j’ai jamais pu me passer du goût de ces lèvres. Ce baiser ne dure qu’une fraction de seconde que déjà mon cerveau court-circuité ne reprend du service – et je me dégage, comme brûlé par le feu, touché par une bombe. Je recule de plusieurs pas, effrayé. « Pourquoi ? » C’est le seul mot qui me vient, c’est le seul mot que j’ai. Le seul mot que j’ai pour toi, Huyana.

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Huyana A. Livingstone
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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyJeu 31 Juil - 20:19


Skah and Huyana :  If I had a heart, I could love you

 Il a mis du temps avant de se décider à entrer . Peu cohérent avec le fait qu’il ait toqué sur cette porte de cèdre rouge qu’il connaît si bien, et qu’il a souvent du braver pour venir m’enlever à une famille couveuse qui me gardait comme un œuf d’or sous les couvertures. Apparences. Skah, c’est ma contradiction à moi, cet home ordonné-désordonné, bourru et tendre, aux mains fortes mais sensibles et prévenantes –c’est bien le fils de son père –un Ecossais-. Mains qui s’approchent de moi. Zone de danger, zone à désaffecter. Plus je le vois agir, plus les secondes passent, plus ça me rend malade. Malade, de croiser son regard marqué d’incompréhension et de rage, mais aussi de désir. Malade aussi, et surtout, de lui avoir laissé cette impression; celle d’un homme qui quitte le foyer et le retrouve froid en rentrant, les cendres de la cheminée venant de s’être éteintes –pour de bon-, les quelques restes de repas, dans l’assiette, sur le bar américain, faisant le festin de quelques mouches infiltrées dans cette antre par on ne sait quelle voie d’entrée. L’indignité est le seul mot, le seul qualificatif, que je m’attribue depuis le jour de son départ –ah oui, la notion de culpabilité remplace parfois la première pendant quelques seconds-. Et c’est de pire en pire. Et il est là. Toujours là, les yeux aimants et haïssants. S’il pouvait seulement imaginer à quel point il m’a manqué, concevoir que son visage me revient en tête chaque jour, chaque heure, chaque minute en tête. Il m’obsède. Addiction qui me ronge depuis plusieurs années, douce, et dangereuse à la fois: il est cela. J’avais enfilé ce gros gilet de manière préventive, sachant pertinemment qu’un contact avec sa peau serait presque inévitable, et qu’en ce cas, nos deux corps se rapprochant, se touchant, je ne voulais aggraver sa peine, la sensation de manque qui doit l’obséder lui aussi –manque d’un parfum, manque d’une attitude, d’une présence-. Mais voilà, c’est Skah, et Skah a pris les devants. A peine ai-je le temps de me reculer que ses lèvres compressent les miennes, presque violemment. Aussi vite arrives, aussi vite retirées. Et Skah qui monte à l’assault, tel un pirate armé jusqu’aux dents, de mon petit bâteau de pêcheuse –aux deux sens du terme-. Il me demande une raison, une explication, une cause, un motif. Tout ce qui fait mal. Pourquoi faut-il, Skah, que tu poses toujours les questions les plus pertinentes et les moins évidentes à la fois ? j’aimerai faire rétroviseur, lui renvoyer la question. Mais ça, c’est bon pour les autres. Je parcours d’un oeil haineux mon salon, qui reflète le désordre avec lequel je vis intérieurement depuis son départ. Depuis son départ à lui. Il y a trop longtemps déjà. J’hésite à poser doucement ma main sur sa joue, à parcourir les contours de sa paumette et d’estomper ce qui me semble être une naissance de larme. Au lieu de ça, je me fige dans mon silence. Je n’ose meme pas prendre sa main pour le mener à la cuisine, j’y vais. Je sais qu’il me suivra. Il a compris. Compris que j’allais lui préparer sa boisson préférée, et que la discussion commencerait là. Je me remémore ces mots qu’il a prononcé le sombre jour où il a décidé de partir « Je dois y aller Huyana. Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Je ne sais pas quoi faire tout court, je ne peux pas rester là comme ça. Je sais que tu ne comprends pas, mais je dois y aller », autrement dit, le premier jour du début de la fin. J’ai la gorge nouée, comme si une main me serrait le cou à l’étouffer –si c’était lui, ça ne me dérangerait pas après tout, mais je sais que non, pas Skah-. Je me frotte le visage avec insistance, et je saute dans le grand bain. Une marée. Un ouragan. Un tsunami. Je ne sais pas dans quoi je me suis lancée –peut-être dans le gosier d’une baleine-, mais je l’ai fait. Je débite, me voulant cassante mais laissant au fur et à mesure de mes questions, poindre mes émotions « Je me permets de t’envoyer un coup de rétroviseur, c’est déjà mieux qu’un coup de poing : Pourquoi ? pourquoi toi, tu es parti ? tu n’étais pas heureux en ma présence ? est-ce que celle que tu avais choisi pour femme t’ennuyait ?  pourquoi l’Irak, pourquoi là-Bas ? pourquoi me faire si peur ? si loin ? Si dangereusement loin ? Pourquoi tu meurs dans mes cauchemars, presque chaque nuit, et n’es tu pas près de moi le matin au réveil ? pourquoi est-ce que j’entends ta voix, ton râle, mais que mes réponses restent vaines à ce qui n’est en fait que ton absence? Pourquoi je te vois encore te mettre des claques parce que tu n’as pas réussi à obtenir une omelette parfaitement cuite couleur curry ? ». J’aimerai le frapper de mes poings, frapper son torse –cela reviendrait néanmoins à me perdre. Je lui tourne un peu le dos, les mains adossées au plan de travail de la cuisine. Je me retourne, et il est là, tout près. Ma main droite, hésitante, cherche un chemin en direction de Skah. Se stoppe, flagelle. Recule. Passe dans mes cheveux pour les discipliner à l’arrière de ma tête. Skah est plus beau et plus désirable que jamais, et si fragile pourtant. Je détaille sa tenue, m’attarde sur ses chaussures, puis sur sa barbe. Pas vraiment une barbe, mais pas non plus un visage rasé. Une petite coupure au menton ? Je me retiens encore d’y poser ma main. Je suis pourtant davantage tactile que Skah –je brûle de l’enlacer, de le toucher… quand j’étais au lycée, je ne cessais de me ronger les ongles, parfois jusqu’au sang. Après de nombreuses tentatives pour me défaire de ce TOC, le voilà revenu. Depuis un mois. Je triture mes ongles, arrache des peaux sans souffler mot. Entre ça et d'autres choses, Skah retrouve une pauvre fille bien dégradée. Je mords ma langue et soutiens son regard, suspendue aux prochains mots qu’il formulera.  

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyLun 4 Aoû - 19:48

Huyana Autumn & Skah Eliott Livingstone


If I had a heart I could love you

Elle marche sans bruit vers la cuisine et je la suis. Comme un automate – je suis un atomate, sans vie, animé de mouvements comme un pantin dont les ficelles sont tirées par une inconnue. Je suis un jouet – son jouet. Une créature fragile et malléable, une créature de bois. Et quand elle me regarde, il y a de la haine dans ses yeux, de la haine et de l’amour. De la haine. Huyana, qu’ai-je fait ? et mon cerveau s’emballe, et mon cœur et ma tête se chamaillent, et mon cœur s’emballe, et mon cœur bat la chamade, et mes mains glissent l’une contre l’autre. Huyana – tais-toi, tais-toi, tais-toi, ne me dis pas que c’est de ma faute, ne me dis pas que c’est à cause de moi, ne le dis pas bon sang, ne le dis pas ! elle m’accuse, et son regard me tue, me fusille, m’assassine, m’enterre, je suis mort, et elle est là, des étincelles brûlantes dans son regard, des flammèches de haine contre moi,  des étoiles filantes qui se plantent en plein cœur – en plein dans mon cœur, et des frissons, oui des frissons, elle me file des frissons – je ne peux plus bouger. Immobilisé, assassiné, mort et enterré, là, dans sa cuisine, devant ses phrases qui s’entremêlent, qui s’entrelacent, qui se délassent, et sous mes yeux qui pleurent du vide, qui pleurent sans larmes, qui pleurent l’absence, elle est là, elle me regarde, et je ne peux plus bouger. Elle est si proche et si loin, là tout contre moi, et pourtant si loin, derrière les bombes, derrière les morts, derrière les décombres, c’est mon trésor, c’est mon étoile, c’est ma fin. « Pourquoi ? » Je ne sais plus à qui je parle. A elle ? à moi ? à nous ? Je baisse les yeux sur mes pieds crottés – mes chaussures de cavalier -, et mes bottes me semblent briller face à la noirceur de ses mots, de mes mots, de nos maux. « Pourquoi je suis parti ? Pour mon pays Huyana ! Pour ma patrie ! Et tu le sais, tu le sais, bon sang Huyana, tu le sais ! » Je cherche, je pleure, je bafouille, et mes yeux sont secs, et mes lèvres sont sèches, et mon cœur est sec. « Je suis parti parce que c’était mon devoir Huyana – mon devoir d’américain, mon devoir de citoyen. Et toi ? nous nous sommes mariés parce que je partais Huyana ! Ce n’était pas une surprise – tu le savais, tu le savais, tu savais que j’allais partir ! Je ne t’ai jamais menti. Jamais Huyana – et les esprits des ancêtres m’en sont témoins. Jamais je ne t’ai dit que je resterais. Mais toi ? » La haine reprend le dessus sur l’amour, et mes yeux retrouvent leurs étincelles à eux, leur feu à eux, celui qui brûle depuis dix mois. « Mais toi tu avais promis – que tu serais ma femme, que tu m’attendrais, que tu m’aimerais ! » Je hurle désormais, et mes cris emplissent la cuisine, font trembler les meubles, font trembler mon cœur, font trembler ma raison. Je chavire – tout entier, je chavire, et je me noie dans ma colère, dans les eaux profondes de mon amertume. De mes regrets. « Tu m’avais promis Huyana, promis ! et tu l’as dit à Dieu, tu l’as dit aux ancêtres, tu me l’as dit à moi – que tu resterais, que tu m’attendrais, que tu m’aimerais. » Ma voix se brise, et cette fois, une larme. Humide et froide et salée. Sur ma joue. La première depuis des mois – la première d’après les torrents et les cascades de son absence. La première, acide et amère à la fois – elle a le goût de la bataille, le goût des retrouvailles, et elle s’écrase en silence sur mes lèvres. Huyana. Huyana. Huyana. Je pleure ma bile et ma tristesse, ma déception, je pleure son absence. «Tu me l’as dit à moi. » Je ne suis plus qu’un souffle, un chuchotement, une prière. « Tu me l’as dit, et tu es partie. » Je m’approche d’elle, un pas seulement nous sépare, et maintenant plus rien. Elle est adossée contre la gazinière, où sa théière trône en maîtresse, et je colle mon front au sien, mon front trempé de sueur et de poussière contre sa tête délicate et fraîche. Le contact me fait sursauter, mais je refuse de m’en aller. Sa peau contre la mienne, c’est électrique. C’est comme si l’air autour de nous allait s’embraser. « Et tu es partie. » Mon visage contre le sien, mes lèvres à quelques centimètres des siennes, je chuchote ces mots qui me hantent – partie, partie, partie. Ma Huyana – partie. Je ne réfléchis pas quand je pose mes lèvres contre les siennes, scellées dans un baiser. Du miel, du sucre, de l'ivresse - dans un flacon qui m'a trahi.

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyMar 5 Aoû - 8:08



Skah and Huyana: If I had a heart, I could love you

Un moucheron empêtré dans une toile d'araignée, l'arachnide qui s'approche et m'enroule dans son filet. Je me suis laissée avoir de même, et plus je tente de m'échapper, plus mes pieds s'engluent dans le filet -dans ce guet-apens dans lequel on s'est mis tous les deux. Je lui ai ouvert. Il était venu frapper. Il me fais peur désormais, il crie et j'aimerais ne pas l'entendre. Il a toujours été comme ça, un peu impulsif, agressif même. Peut-être un comportement qui agit comme une couette qui cache l'enfant qui dort dessous -l'enfant Skah qui est trop fragile, trop peureux de ce qu'il ressent, pour le montrer-. Mon corps réagit instinctivement à cette menace qu'il semble désormais représenter pour moi; je frissonne, j'ai froid; je meurs de froid. Mais je me maintiens. Et c'est lui qui me tiens désormais. Prise par surprise, encore une fois, je sens la pression de ses mains sur mes bras, de ses lèvres sur les miennes.Je t'aime Skah, ce que j'aimerais pouvoir te le dire; je t'aime de tout mon être -mon être ne vit que pour toi, par toi d'ailleurs-, mais je ne te mérite pas, et tu es parti. tu m'as laissée à la réserve, pour aller brandir une arme contre des humains. Et tu reviens avec ce discours qui n'est pas de toi, ce n'est pas possible. La guerre? toi? Jamais vous n'auriez pu traîner ensemble avant.. On ne peut effacer ces trois années de non-dits, où je t'imaginais chaque jour mettre en balance ta vie pour "l'honneur du pays", "jouer avec les esprits" comme dit Nuttah. Nuttah. Elle aussi a souffert du départ de Skah. Les esprits lui ont parlé. Pas été de bonnes augures, à ce qu'il paraît. Je ne sais pas s'ils se sont parlés depuis son retour, à lui. Sans doute. Et sa mère? C'est le Skah qui agit de manière impulsive, le Skah qui laisse parfois tout en plan et qui se taille parce que ça l'énerve, que je retrouve là. Mais, là, à l'instant, Je pense: Deadline: dépassée. Conséquences: sans doute regrettables. J'agis: tu es collé à moi, comme si tu avais peur que je parte, que je ne sois pas vraie, que je t'échappe, mais, à contre coeur, je repousse ton baiser. Ma bouche libérée, mon visage se recule du tien. Mes poings fermés se cognent contre ton torse. Ma rage, ma haine, et mon amour se confrontent. Je veux te blesser, mais je veux t'aimer. Je continue à frapper. J'accompagne mes gestes d'une litanie qui, dans les comédies dramatiques, serait pathétique: "Non! Je t'avais demandé de rester! L'amour que tu me portais ne t'a même pas retenu ici, à Blackfeet. je me demande donc ce qu'il vaut. Et puis, me fais pas gober ton discours de patriote. Tu détestais la guerre, tu haïssais les militaires. Et moi je te hais maintenant. Tu es content de ce que tu as accomplis là-bas? Combien tu en as tué, hein? Skah Eliott Livingstone, pour qui as tu tué? Qui te dirigeais? Ceux d'en face, tu crois qu'ils l'avaient demandé? Et leur femme, leurs enfants, tu les avais peut-être croisés dans la rue juste avant. Tu serais allé les voir pour leur dire que tu avais tué leur père, leur amant, leur mari? Toi qui ne t'es jamais trop plié aux règlements, tu te couches devant l'Oncle Sam qui te fais croire qu'il ne veut que toi, que toi seul peut assurer le salut américain face aux terroristes? Je ne t'ai pas compris, je ne comprends toujours pas! Et.. et.. Et tu m'as fait tellement peur.." Ma dernière phrase se confond dans mon sanglot. Mes sanglots. Je continue à le frapper, et mon front se rapproche de son torse, comme si, là, maintenant, j'avais besoin de sa protection, de lui qui m'a pourtant laissée trois ans survivre seule dans cette réserve devenue jungle. je suis totalement perdue. Je ne sais pas comment ça va se finir. En tout les cas, je sais que je ne suis pas un pro du "happy end", donc je ne me fais pas d'illusions. Avec Skah, c'est toujours l'excès: dans le trop, ou le trop peu. La juste dose entre lui et moi, c'est une équation herculéenne à résoudre. Mais lui semble en faire fi.  

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyMar 5 Aoû - 12:41

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If I had a heart I could love you

Je suis figé, dans le creux de son corps, dans la douceur de ses lèvres, je suis figé, et je voudrais ne jamais m’en dégager. C’est là que je suis bien – c’est là que j’appartiens. Je pourrais rester comme ça des années sans jamais ressentir le besoin de bouger – mes lèvres contre les siennes, souples et douces, mais gercées, mordues, saignées à blanc. Je lui fais sans doute mal – mais cette pensée s’envole comme elle est venue. Je n’ai jamais voulu blesser Huyana, jamais, et je l’ai fait tant de fois. De manière répétée, anarchique mais automatique, comme si rien dans la vie ne pouvait m’empêcher de faire du mal à celle que j’aime le plus au monde – celle sans qui je ne pas vivre. Même si notre relation n’est plus que haine, je ne peux quand même pas vivre loin d’elle. Je l’aime – méchamment, violemment, et peut-être brusquement, mais je l’aime. Mes propres pensées m’effraient – qui suis-je devenu ? qui suis-je ? Elle se dégage de mon emprise, mais elle est coincée, et je me refuse à bouger. Ses lèvres bougent, et crient, et hurlent, et gémissent, et ses poings frappent, sans jamais s’arrêter, et c’est à peine si je me rends compte de sa force, de ses coups, c’est à peine si je comprends ses gestes, mes yeux perdus dans les siens. Immobile et noyé dans le noir de ses yeux – je suis un rescapé d’une tempête qui menace de m’engloutir à nouveau. Et je l’entends hurler mais je n’entends plus ses mots, je n’entends plus ses cris, je n’entends plus rien d’autre de sa voix que la prière, que la supplique, celle qui me dit va-t-en et aime moi. Les deux en même temps – on n’aime jamais mieux que quand on est loin, et que l’autre manque tellement que le cœur se brise et se déchire et se plie, en mille morceaux arraché de la poitrine, on aime jamais mieux que quand on souffre, et ses yeux me disent va-t-en et aime moi, c’est ce que je lis dans son regard, dans ses coups, dont la force s’amenuise à mesure que sa tête se rapproche de moi, de mon torse, de mon cœur, et qu’elle faiblit sous ses propres mots. Huyana – ne crie pas, ne frappe pas, ne pleure pas – reste avec moi. Là. Contre moi, contre mon torse, contre mon cœur, et ma rancœur. « Maman était perdue avant que je parte ; Nuttah a pris soin d’elle. Nuttah a pris soin de toi. Et moi ? dans tout ça ? Je devais me chercher Huyana. Je devais me trouver. Je suis parti pour moi – pas pour toi, pas pour ma mère. Je suis parti pour mon pays – et ce sont les hommes qui crèvent qui font l’histoire. Je suis pas mort. Je suis là. Je suis revenu. Ce que je ne comprends toujours pas, c’est pourquoi toi tu n’es pas restée jusqu’au bout. Pourquoi tu n’as pas attendu, comme tu me l’avais promis. » J’ai de la rage dans les poumons, de l’adoration dans l’œsophage, je veux l’embrasser. L’étrangler. L’embrasser. Ou l’étrangler. Et quand sa tête finit par se poser sur ma poitrine, je ressers mes bras autour d’elle, ma main sur ses cheveux, sur son épaule, elle tout contre moi, enveloppée, protégée, et mise en danger ; je la protège du monde, et l’expose à ma colère. Je la retiens pour son bien et contre son gré. Je l’aime – je voudrais qu’elle aussi reste figée, dans l’obscurité de la cuisine mal éclairée, dans la chaleur de mes bras, elle qui frissonne, de froid, de peur, de malaise. Je suis son malaise, la source de son angoisse, le commencement de la fin – mais quoi que je me dise, quoi que je m’impose, je ne pourrai jamais rester loin d’elle. Et si je la hais plus que je ne hais personne d’autre au monde, je ne peux pas la laisser partir. Il lui faudra faire plus que me frapper pour me faire partir, et m’empêcher de rester là, la tenir enlacée, contre moi, contre mon torse, contre mon cœur. Huyana. J’ai mon visage enfoui dans ses cheveux, mes mains qui les caressent, et son corps tremblant tout contre moi. Elle sent le miel, comme ses lèvres, elle sent le sucre et la joie, elle sent l’amour. Elle sent cette odeur qui me fait fondre, me fait pleurer, me fait crier. De joie, d’amour, et de désir. Cette odeur dans ses cheveux, contre sa peau, dans son souffle. « Tu me l’avais promis. » Je ferme les yeux, ne bouge plus, et mes gestes brusques ou arrêtés font de moi plus qu’un pantin. Ils font de moi un robot – aimanté par celle qu’il aime, qu’il a choisi, et qu’il est fait pour protéger, et suivre. Quoiqu’il arrive. Je suis programmé pour elle. Même si je le voulais, je ne pourrais pas en changer. « Pourquoi n’as-tu pas fait comme promis ? » Ma voix dans ses cheveux n'est qu'un murmure.

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyMar 5 Aoû - 13:06




Skah and Huyana: If I had a heart, I could love you

"Tu étais mon attache, Skah, celui qui me tenait au port de Blackfeet et m'empêchait partir ou de m'effondrer au fonds des eaux. Tu le savais, que tu avais cette emprise sur moi, tu le savais et tu n'as rien dit. Et moi je me suis laissée faire. je t'ai attendu deux années, je t'ai... Je t'ai pleurée. Tu es ... J'aurai du ..." Je n'arrive même plus à finir mes phrases, empreintes de colère, d'une colère qu'il génère en moi. Parce que malgré toutes les blessures qu'il m'a infligée de par son absence - et la peur de le voir revenir dans une caisse en bois- pendant trois ans, malgré la responsabilité qu'il rejette sur moi, il m'attire et ses bras sont un gouffre autant qu'un fascinant cocon.. Mais il en a dit trop. Trois ans, je l'ai attendu. Et maintenant, devant moi, je suis l'accusée, celle qui a fui les tranchées. Pas possible. Je ne peux laisser ça couler, comme j'ai laissé coulé ma peine pendant trois longues années, trois années où j'ai laissé ma solitude errer dans les rues de la réserve, où Nuttah m'a accueillie bien des soirs, en pleurs, pour me raconter des histoires cheyennes et me dire que Skah, Skah est toujours vivant, oui, mais il corrompt son âme... Tout me repousse en lui désormais, m'horripile. Sa voix. Ses gestes. Sa chemise. Sa barbe d'une demie-semaine. J'essaie de me défaire de son étreinte, mais il ne veut pas me lâcher. Une proie. Apeurée, haineuse, et faisant taire mon désir grandissant par ma colère, je le regarde droit dans les yeux, avant de franchir la barrière infranchissable, qui changera sans doute notre relation à jamais. Je claque sa joue gauche et y laisse une marque rouge. Désolée Skah, mais j'étais obligée. Je suis à bout, tu m'as mise à bout. Tu m'accuses des conséquences de ton départ. tu m'as abandonnée; Tu n'avais pas le droit. Alors je pense cela, je profite de son absence momentanée que j'ai provoqué par la gifle, pour sortir de la cuisine. En voulant sortir du labyrinthe dans lequel je me suis empêtrée -il m'a empêtrée, ses bras-, je bouscule les couverts de mes derniers repas. Une tasse se brise au sol. Une assiette glisse dans l'évier. Apeurée, encore, toujours, je cours presque, et quitte, sans me retourner -si ce n'est un petit regard, du coin de l'oeil; Skah touche sa joue endolorie- cette pièce pour prendre une bouffée d'air. Paniquée. je ne sais plus ce que je fais. Qu'est-ce que j'ai fait? J'actionne la poignée de la véranda, et m'y reprends à plusieurs fois avant de parvenir à l'ouvrir, et à franchir la limite entre le dedans et le dehors, entre ce cercle privé, intime, qui nous reliait Skah et moi, et le domaine ouvert, aéré du jardin. Une larme coulant sur ma joue, je tourne en rond, avant de m'écrouler sur la terrasse de la véranda. Morte de peur. La "bile noire" qui me prenait ces soirs où je pensais à lui, elle s'est transformée -pas sublimée, non, car ce serait trop beau, mes dessins auraient peut-être gagné un peu en technicité- en répulsion. je l'imagine dans la cuisine. En train de pester. De tout casser. J'ai fais ca, et pourtant je voulais qu'il me garde dans ses bras. je voulais qu'il reste avec moi. Que l'on reprenne une vie un tant soit peu ordinaire. Faut-il toujours payer le prix d'une période de bonheur? Nous étions si insouciants, Skah, il y a quelques années encore. Se peut-il que nous ayons tellement vieillis que nous soyons devenus aigris? Heureusement que mon jardin ne donne pas sur la voie publique. Je m'imagine mal sourire à des passants qui m'observeraient, l'oeil en coin, se disant "mais qu'est-ce qu'elle a encore, cette folle? Elle est partie, la voilà revenue, alors pourquoi tout ce tintouin? Elle avait qu'à rester là-bas si elle est pas heureuse ici". Non, je ne suis pas heureuse ici, mais je ne serais pas non plus heureuse ailleurs. Nulle part, en fait, si Skah est l'abonné absent de la liste. Nulle part. Et pourtant, tout cela est désormais impossible. Skah. Skah Eliott. Skah Eliott Livingstone.  

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyMar 5 Aoû - 14:48

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If I had a heart I could love you

Je ne suis pas un homme violent – je suis un homme impulsif. La violence dans mes mouvements n’est pas recherchée, pas voulue, elle s’incruste dans mes muscles et s’incurve dans mes os, s’installe sous ma peau, mais je n’en veux pas – je n’ai pas la violence dans le cœur. Elle est en moi comme une intruse, comme une ennemie à qui je n’ai jamais rien demandé. Huyana c’est tout le contraire. Dans ses traits, dans ses mots, dans ses gestes, dans es regards, tout est doux, tout est mesuré, tout est souple et léger. Mais quand elle me gifle, elle a de la violence dans le cœur et dans la tête, de la violence pleine de haine. Ce n’est pas un geste impulsif – c’est un geste réfléchi. Une gifle, contre ma joue, que je touche aussitôt, choqué, coupé, époustouflé. Huyana – où es-tu Huyana ? La fille que j’ai laissée en partant ne m’aurait jamais giflé. Elle n’aurait jamais levé la main sur moi. Elle n’aurait jamais osé me faire du mal – même symboliquement. Sa main laisse une trace rouge sur ma peau, une trace dont la brûlure rogne mes idées, rogne mes pensées, je suis coi. Huyana ? Qu’est-ce qui t’as pris Huyana ? Je sais qu’elle m’en veut – je sais même qu’elle me hait. Mais me gifler ? ma propre main sur la joue, je touche la peau qu’elle a touché, même d’infimes secondes, et mon cœur brûle de colère. Je lui en veux – je ne m’étais jamais rendu compte d’à quel point je lui en veux. Je suis parti – et elle le savait. Elle est partie mais je l’ignorais. Je l’aimais, je lui ai dit, je lui ai toujours dit, et elle m’a giflé. Une fois ; une seule fois, mais une fois de trop. Je me laisse glisser au sol, à sa place, là où elle était appuyée, contre la gazinière, et je laisse mon dos s’y appuyer aussi. Je ne peux plus pleurer, je ne peux plus crier, je ne peux plus m’en vouloir. Elle aussi ; elle a des choses à se reprocher. Nous avons tous deux des choses à nous reprocher – mais je suis têtu, borné, et malgré ça, je vois les choses en face. Elle savait que je partais, et elle a dit oui quand même. Elle a dit oui. Aujourd’hui, sa gifle me dit non, son corps me dit non, sa bouche me dit non, et je suis désormais persuadé, au fond de moi-même, que son cœur lui aussi me dit non. Et aussi désespéré que j’ai été en rentrant, de la savoir partie, je sens une enclume m’étouffer et m’écraser, me planquant au sol où je suis assis. Elle ne m’aime plus – elle ne m’aime pas. J’ai toujours cru en nous – malgré la distance, malgré mon départ, et même malgré le sien. Je l’ai haïe et je le hais, pour s’être enfuie sans prévenir, en coup de vent, mais je croyais toujours, au fond de moi, qu’elle pensait les mots qu’elle m’avait dit. Qu’elle pensait ses « je t’aime », qu’elle pensait ses « oui ». Cette gifle me crie non et chaque fibre de mon corps en souffre. Je n’aurais jamais cru ça d’elle. J’ai toujours pensé qu’elle était trop bien pour moi. Je n’avais jamais pensé qu’elle se jouerait de moi, qu’elle m’y ferait croire pour ensuite m’abandonner à mes espoirs. Mon désespoir. J’avais quinze ans, le cœur au vent, mou, fragile, et neuf. J’aimais la fille qui était arrivée à la réserve, timide et tremblante, exploratrice et téméraire. J’aimais Huyana. Je l’ai toujours aimée – et elle me l’a fait croire en retour. J’aime Huyana – du plus profond de moi, et pourtant je ne suis pas grand-chose. Mais cette femme ? qui s’enfuit, qui me gifle ? ce n’est pas Huyana. Ce n’est pas ma Huyana. Ma femme est partie ; ma femme est morte. Ma Huyana n’est plus.

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyMar 5 Aoû - 21:35





Skah and Huyana: If I had a heart, I could love you

Je ne sais si ce sont les relents de la maladresse de Skah, ou de ce qu'on lui a appris à l'armée, pendant cette guerre -comment a-t'il traité les hommes qu'il a rencontré là-bas? Aurait-il vraiment perdu son âme, comme ce que Nuttah présupposait?- qui ont obscurci ses traits et ses actes. Peu m'importe. Je tournai comme un lion dans une cage, une tigresse dans l'arène du cirque, énervée et désespérée à la fois qu'on la fasse jouer des tours -le classique "tout va bien, Skah va s'en sortir, je l'attends et il m'attends", le rôle de femme parfaite à enfiler chaque matin, en même temps que mes vêtements de travail... La vie? une vaste comédie. Je n'invente rien, Goffman l'avait dit avant moi, et en mieux. Bref, je suis toujours là, sur la terrasse de la véranda, arpentant chaque recoin du sol, chaque latte et chaque "vide" qui se trouve entre chaque couple de lattes. Comme nous deux, ce couple est uni et séparé à jamais. A la fois. Et pour toujours. Rien à faire pour changer les choses. Depuis que je suis sortie, je n'entends plus un son; ce n'est pas du genre de Skah, qui est plutôt bourru et règle ses histoires sur le champ. Je me souviens, nous avions 17 ans, on se tournait autour l'un de l'autre, et un garçon m'avait regardé de travers à Blossom Lane. Skah lui avait fait mordre son poing. nous avions tellement ri ce jour là. en y repensant, je souris. Je ris même. Et je fonds en larmes. Car je sais que le partage de telles choses, il est à oublier. Au moins avec Skah. Je prends ma tête entre mes mains, rageuse, toujours circulant telle une furie dans mon jardin -heureusement, je ne suis pas sur le gazon, sinon mes Pensées et Pivoines seraient parfaits pour cuisiner une soupe végétalienne. Mes sentiments et mes passions trop intellectualisées, je cesse de pleurer aussi vite que j'ai commencé. Je sais que je dois me ressaisir, pour moi,pour lui. Pour Nous? Sauter l'obstacle, c'est quand même mieux que de rebrousser chemin. Seulement, quoi faire? aller le voir? lui parler? lui expliquer? laisser tomber? La gorge sèche, la tête basse, sa présence hante ma maison, et je ne serais pas maîtresse de mes actes tant qu'il sera là. ou du moins, non calmé. Je ne sais pas comment l'approcher à nouveau, ni même s'il en a envie. Pleine de regrets et de fierté de cette gifle donnée comme pour le sortir d'un réveil, de son réveil de la guerre, de son petit monde heureux, je tente de faire fi de la distance qui nous sépare -et qui s’accroît chaque seconde, sentimentalement-, de son parfum, de mon envie de courir dans ses bras et de lui chuchoter que ce n'était qu'un mauvais rêve, une hallucination fruit de l'alcool de sa mère, ou d'une potion qu'on nous aurait donné pour nous illustrer les ravages et les magnificences de l'amour. pour nous faire prendre conscience de notre bonheur partagé. Je voudrais hurler, crier, taper, cogner, buter. Toujours personne à l'horizon pour applaudir le drame qui se joue sur scène, et qui est très bien joué d'ailleurs -on y croirait presque. Skah, ces trois années d'absence, où chaque matin je redoutais l'approche du facteur qui aurait pu amener une lettre te laissant pour mort. Ou le pasteur, me communiquant ses plus "sincères condoléances". Ou Nuttah prévoyant le pire pour la journée à venir -j'avais l'impression qu'elle aimais à me faire peur, d'ailleurs, je crois qu'elle ne m'a jamais vraiment aimée. Est-ce que tu auras un jour l'occasion de m'expliquer pourquoi?-. T'es plutôt quelqu'un d'intelligent pourtant, Skah. Et terriblement magnifique, enivrant. Au Waki dinner. Dans la rue. A la caisse du commerce du coin. Dans mes souvenirs. Dans mes rêves. Je ne peux plus, je ne peux pas me retenir. Ma pulsion, trop forte, me pousse à me rediriger vers la cuisine. La tasse brisée a laissé son liquide envahir peu à peu le salon, et former une tâche brunâtre sur le sol. La latte qui grince ne me trahit pas, cette fois. Je reste debout, droite, face à lui, les yeux encore rougis. Il ne m'a jamais autant fusillé du regard que cette fois-là. Et je sus, à cet instant, que je n'aurai jamais du pénétrer à nouveau dans ma maison. Tel un chiot prit en flagrant délit et grondé par sa mère, je m'étais fourrée dans un coin avant de revenir pour demander pardon. Attitude qui génère l'exaspération. Ou la rancoeur et la haine. Mais je n'avais pas d'autre choix. Toujours partagée, je restais muette. Le seul geste qui aurait pu trahir la vigueur de mes sentiments à son égard, c'eut été la ferveur avec laquelle je serrais ma bague de fiançailles dans ma main droite. mais Skah devait être occupé à autre chose. Comme réfléchir à la manière dont il allait désormais donner la réplique à nos pantomimes. 

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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptySam 16 Aoû - 23:34

Huyana Autumn & Skah Eliott Livingstone


If I had a heart I could love you

Elle me revient ; elle me regarde. Comme une âme en peine, comme une âme errante, qui ne sait que faire dans sa propre maison et revient vers moi. Un aimant. Qui n’aime plus. J’ai les yeux creux plus que vides, parce qu’ils entrent en moi, dans mes pensées, et je réfléchis. J’essaie du moins. Je ne comprends pas – je refuse. Elle ressemble à une étrangère dans sa propre demeure, celle de ses parents, qu’elle a tenté de si nombreuses fois de quitter. Je ne sais même pas pourquoi elle est revenue. C’est ce qui me choque le plus ; maintenant que j’y pense. Si ce n’est pas pour moi, alors pour quoi ? j’étais idiot de penser que j’avais autant d’importance pour elle. Que j’étais son homme, et elle ma femme, son mari, son amant, son soutien. Je pensais qu’en rentrant, nous pourrions enfin fonder cette famille que nous attendions. Cette famille que l’un pour l’autre nous étions. Nuttah n’a plus que moi – et apparemment, je n’ai plus que Nuttah. Ce n’est pas maman qui me fera une famille. Mais Huyana ? j’y avais toujours cru. Qu’elle serait celle qui me tiendrait la main à la fin de ma misérable vie. Il va sans dire que je passerai l’arme à gauche avant elle. Elle a une bien meilleure hygiène de vie. Je ne sais pas pourquoi mes pensées divaguent autant – et vers des choses aussi puériles. Comme combien de cigarettes je fume en trop et qu’elle ne fume pas. Combien de cafés et de nuits blanches elle accumule et que je ne vis pas. Elle s’avance, et elle est dans mon champ de vision, comme un fantôme, un reflet sur une photo, une poussière dans l’ombre, et je porte en moi tellement de haine et d’incompréhension que ma tête est sur le point d’exploser. Littéralement. Doucement, je me relève, me redresse, m’appuie d’abord sur mes coudes, puis sur les paumes de mes mains, et enfin le bout des doigts. Je n’ai pas de grâce, pas de souplesse, pas de finesse, je ne suis pas élégant. Mais je me relève et je me tiens droit – c’est déjà ça. « Huyana, je ne sais pas quoi dire. Ni quoi faire. Je ne te comprends pas – et peut-être qu’on ne s’est jamais compris toi et moi. C’est juste que… » Je bafouille, je trébuche, je m’effondre, et pourtant mon corps ne bouge pas. « Pourquoi Huyana ? Si tu ne me dis pas pourquoi tu es partie, alors vas-tu au moins me dire pourquoi tu es revenue ? Pourquoi ? Qu’est-ce que tu cherches ici que tu n’as pas trouvé ailleurs ? Pourquoi me quitter, et revenir ici me torturer ? sans me prévenir ? sans nouvelles ? Bordel Huyana, mais tu te rends compte ? tu étais laissée pour morte à la maison. Nuttah ne savait pas ni où tu étais partie, ni pourquoi. Est-ce que tu comprends ? » Je m’avance violemment dans le salon où elle se tient, mais je n’ose pas me rapprocher d’elle. Je ne crains pas ses coups – je crains l’attirance qu’elle a sur moi, et son odeur qui m’envoute. « J’étais mort de peur ! mort de peur tu entends ? Risquer sa vie en Irak, d’accord, t’as pas aimé, d’accord ça t’a fait flipper, mais au moins, je te tenais au courant de moi, de ma vie ! N’as-tu donc jamais lu tous mes e-mails ? Huyana ! Entends-moi Huyana ! » Je martèle son prénom, à voix haute et dans ma tête, comme des coups contre mon esprit endormi. « Je ne savais pas où tu étais. Je ne savais pas ce qui t’arrivait. Je ne sais pas comment j’ai fait Huyana, j’ai prié tous les soirs pour que tu me reviennes, mais personne n’a répondu. Et surtout pas toi. » Ma voix s’apaise, mon corps tremble un peu, et je reprends, lentement. « Je sais que tu es revenue depuis près d’un mois. Et que tu ne me l’as pas dit. Pour l’amour que nous avons eu – que tu m’as un jour porté -, ne pouvais-tu pas me le dire ? Me dire où tu étais partie, et quand tu étais revenue ? Pour le nom de famille que nous partageons, merde, Huyana, merde à la fin, tu es ma femme,  tu portes mon nom, ne pouvais-tu pas me dire que tu étais là, onze maisons plus loin ? » Je ferme les yeux. Les rouvre. « Veux-tu qu’on vive en étrangers toute notre vie, avec le même nom, onze maisons plus loin ? » Je suis un homme qui parle peu - mais Huyana, elle délie ma langue comme elle délie mon coeur, et en moi, toutes les portes sont ouvertes.

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Huyana A. Livingstone
Huyana A. Livingstone
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MessageSujet: Re: If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah   If I had a heart I could love you▲ Huyana & Skah EmptyLun 18 Aoû - 0:08






Skah and Huyana: If I had a heart, I could love you

Les mots de Skah raisonnent dans mon cerveau, en font le tour, et ne savent où se loger, tellement ils sont durs, tellement je peine à vouloir les assimiler, les conserver en moi. Il ne faut pas qu'ils aient de prise, il faut qu'ils glissent, comme sur du marbre trop lisse et trop froid pour accueillir une chaleur humaine. Je ne veux plus l'entendre parler, ni même sentir sa présence. Insupportable. Mais indispensable. Skah me demande des explications -c'est un grand enfant, il a toujours aimé les "pourquoi?", le plus souvent non formulés, qui lui permettent de comprendre son monde et de combler des cases là où il a peur qu'il n'y ait que vide, manque d'explications. Pas bête, il n'a pas vraiment besoin qu'on réponde à ses questions, Skah. Il les connait déjà, en lui, il a la sensibilité, le bon sens. Plein de choses -trop, au point qu'il s'en torture parfois-. Il cherche une explication rationnelle à mon départ, parce qu'il ne pourrait accepter que ce genre d'excuse, le genre qui te permets de voir l'autre te montrer patte blanche et te laisser filer en cours alors que tu es en retard, et que tu n'as vraisemblablement pas beaucoup dormi. J'aime parfois dire que le tempérament de Skah, et lui-même tout simplement, ont "délavés" sur moi. J'utilise parfois son jargon, son argot, et ses mots parfois bruts de décoffrage, je les emploie quand tout devient trop fort. "Merde Skah, les lettres, ça remplace pas ton odeur. Ca remplace pas la chaleur que tu dégages le matin quand tu dors encore et que je t'observe, que je te dessine, ça n'est qu'un substitut. Du papier, c'est loin d'être un corps, ton corps, le ressenti des pores de ton visage, des poils naissants de ta barbe, sous ma main. C'est juste l'éloignement, l'image de la mort, la peur d'une autre lettre qui ne serait pas de ta main, mais de celle de ton commandant m'apprenant ta mort, ta torture, ou que sais-je encore. Je t'ai attendu, Skah. Je t'ai attendu bien longtemps, et je tournai folle. Sisyphe, dans le Tartare, avec sa pierre qu'il doit hisser en haut de la colline, et qui redescends à chaque fois, comme tu sais. Ben c'était la métaphore de ma vie; absurde. 1 an, je l'ai roulée, la pierre, j'ai fais comme si de rien n'était, comme si c'était normal que je continue à vivre normalement, sans toi. Alors que je t'avais perdu. Vraiment. t'es parti avec ta valise sur l'épaule, comme ça, un soir, alors que le matin, nous riions encore ensemble au café avec Gwen, parce que tu avais ton humeur bougonne et que je te titillais. Quand je suis rentrée chez moi, après t'avoir vu partir, monter dans ce bus détestable avec sa couleur vert kaki sale, il restait encore un morceau de pain à la confiture d'airelles. Tu avais croqué dedans, la trace de tes dents restait visible. je l'avais bien regardée, cette tartine. Et depuis, cette image me revient. Je l'ai croquée, dessinée, déclinée en palette de couleurs. Mais surtout en nuance de gris et de noirs. Le symbole de ton départ, de l'inachevé de notre devenir commun, du vide que tu avais laissé en moi. Skah, nous parlions de fonder une famille, de vivre nos rêves, t'as oublié?. je fronçais les sourcils, sans vraiment y penser - une petite manie que Skah affectionne particulièrement -. Dans mon enfance, on m'a raconté que je faisais les yeux tellement noirs que j'aurai obligé la Lune à rougir et à baisser les yeux devant moi. Je fronce les sourcils, non de colère mais de perplexité. Mes traîtres d'yeux brillent, s'apprêtent à laisser couler ces larmes traîtresses, elles aussi. Et puis je n'ose pas lui dire non plus. Pour l'autre raison de mon départ. Il me haïrait, il m'ignorerait, me tuerait peut-être. Trop tôt? Trop tard? Je me demande à ce moment si Skah se sent blessé dans sa virilité, dans son honneur. Je ferais tout pour lui. Rien qu'un mot. Mais lui en exige de moi. "Tes mails, Skah, montraient que tu t'éloignais de notre monde, de la réalité. Plus rien de fonctionnait comme du papier à musique, les notes demeuraient fausses malgré tous les essais que nous pouvions faire, les répétitions, les gammes, les exercices. Quand je suis rentrée, j'ai eu pas mal de choses à régler.  Plus précisément, si tu veux savoir, j'ai eu besoin de repos. Quelque chose de grave à soigner. Jamais voulu t'éviter. Discuter, j'aurai aimé, mais j'en étais plus et j'en suis à peine capable encore aujourd'hui. Mais Skah, t'as pas compris, quoi? T'as pas compris que c'était pas une question d'ignorance ou de haine, mais d'amour? Je suis partie parce que les gens de la réserve, je les supportaient plus sans toi, ils me rendaient dingues à me demander des nouvelles de toi. Et je suis revenue pour le jour où tu aurais été prêt à franchir le seuil de ma porte, à venir me dire que ce n'était qu'une blague, que tu m'as fait marché, que tu ne m'as pas laissée autant de temps. Un mois pour atterrir, parce que sans toi, je planais -mais pas dans le ciel, crois-moi-, parce que revenir ici, je savais que c'était mon devoir, mais que revoir ce siège en cuir dans lequel tu t'affales quand tu rentres du travail, sans ton chapeau sur son accoudoir, ou ton paquet de cigarettes à côté, c'était juste pas possible. Que je pouvais pas sortir, manger, dormir sans penser à toi, à nous, à ce qui chez moi a tant pêché pour que tu préfères t'envoyer au combat plutôt que de vivre avec moi. Tu étais mon héros, pas besoin d'être celui de la nation. La guerre, on en avait parlé, OK. Mais comme on parlait pendant l'adolescence de nos projets fous pour aller vivre en Scandinavie et faire du patin à glace le matin sur le lac gelé de notre propriété. Tu demandais ton espace de liberté, tu l'as eu: trois années pour réfléchir, pour tuer, pour charcuter. De quoi t'avais peur? Tu fuyais quoi, au juste? je ne sais juste plus quoi dire, Skah, je comprends et en même temps, ça m'échappe toujours, cette décision. Je peux pas revenir dessus, moi aussi je suis partie après, juste parce que je n'avais plus rien à faire à Blackfeet sans toi. Tu vois, je suis rentrée peu après ton retour. Chaque jour je t'observais Skah, te leures pas. Pour venir t'aborder, toucher ta peau, m'assurer qu'elle n'était pas abimée. Mais ta colère se ressentait jusque dans le mouvement des cercles d'eau dans mon thé. ".  Trop parlé, j'ai trop parlé. Je me déteste, dans ces moments où on me pousse à m'exprimer à fonds au point de me vider de tout ce que je peux être, au point d'avoir l'impression d'expulser en même temps toutes mes pensées, tous mes organes. J'ai plus le mode d'emploi de Skah. Avant, j'en n'avais même pas besoin. Désormais, je sais plus quoi faire. Où appuyer sans faire mal, comment bouger pour ne pas effrayer. Je veux juste l'embrasser et faire fi de toute cette histoire. L'approcher? le toucher? Il se tient -difficilement- debout, face à moi. Je me rends alors compte que je suis terrifiée, suspendue à ces mots. Comme une biche traquée qui se rend compte qu'elle est observée et que sa survie dépendra de sa réaction suite à l'attitude adoptée par l'observateur. Mais je n'ai pas cet instinct de survie. Et mon coeur qui a trop souffert reconnait davantage la main qui caresse à celle qui punit. Je saisis la main gauche de Skah, me rapproche de lui, de la table basse, sans bruit, sans mot. Je maintiens son regard. Je remarque pour moi-même qu'en réalité, depuis notre adolescence, on joue sans arrêt à ça: pile ou face. Tout blanc. Ou tout noir. Haine ou amour.

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